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Du 26 au 28 juin 2025, le
Togo a été le théâtre de manifestations publiques massives, initiées par le
mouvement M66, composé principalement de Togolais, blogueurs, artistes et
activistes de la diaspora. L’appel, largement relayé par des citoyens sur les
réseaux sociaux (TikTok, Facebook, YouTube, etc.), a mobilisé une partie de
la population malgré les restrictions d’accès à Internet, forçant de nombreux
citoyens à utiliser des VPN pour s’informer. Durant ces trois jours,
l’activité économique de Lomé a été considérablement ralentie : de nombreux
commerces, dont le Grand Marché de Lomé, sont restés fermés, la crainte des
affrontements planant sur la capitale. La ville, figée, était sous forte
présence des forces de l’ordre déployées aux carrefours et lieux de
rassemblement stratégiques. Malgré ce dispositif sécuritaire, des groupes de
manifestants ont bravé les interdits dans plusieurs quartiers, érigeant des
barricades et exprimant leur mécontentement. Les forces de sécurité ont usé
massivement de gaz lacrymogènes, notamment à Bè, Bè-Kpota et Adakpamé, tandis
que certaines rues étaient bouclées. Dans ce climat tendu, la
circulation de miliciens à bord de véhicules non immatriculés, parfois
cagoulés et armés de matraques et de fusils, a été observée. Des vidéos
diffusées sur les réseaux sociaux les montrent imposant leur loi dans les
rues. La nuit du 26 juin a marqué le début des mobilisations qui se sont
intensifiées dans la matinée, avec des groupes de jeunes scandant des slogans
comme « Faure dégage ! » ou « Non à la dictature ! ». Les premières
confrontations entre jeunes et forces de sécurité ont éclaté entre 9h et 10h,
entraînant de nombreuses interpellations et la dispersion à coups de gaz
lacrymogènes. Des images amateures circulant en ligne témoignent de la chasse
aux manifestants jusque dans les ruelles. Dans l’après-midi du 26 juin
à Adidogomé, la panique s’est installée suite à l’irruption d’hommes armés en
civil. Le lendemain, 27 juin, la tension a atteint un nouveau palier avec la
découverte de deux corps repêchés dans le quatrième lac d’Akodessêwa. Bien
que la peur soit palpable, les jeunes ont continué de se mobiliser, essuyant
une nouvelle fois la brutalité des forces de l’ordre : de nombreux
manifestants ont été roués de coups, embarqués de force dans des pick-ups
militaires sans explication, tandis que dans la soirée, d’autres corps ont
été retrouvés dans les lagunes de Lomé, portant des traces de violence selon
des témoins. Le 28 juin, la peur avait
conquis les esprits, mais le mouvement de contestation subsistait. Dès 6h du
matin, les forces armées quadrillaient les rues. Malgré la répression par gaz
lacrymogènes et grenades assourdissantes, des jeunes tentaient encore de se
rassembler. En fin de journée, un calme précaire s’est installé sur la
capitale, lourd de tensions et de crainte, alors que des familles
commençaient à signaler la disparition de leurs proches.
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