Fin juin, plusieurs quartiers de la capitale togolaise ont été secoués par des manifestations. Les protestataires dénonçaient la vie chère, des arrestations injustes et une réforme politique controversée. Au moins sept personnes sont mortes et des dizaines ont été blessées.
Pendant trois jours, entre le 26 et le 28 juin, des habitants de Lomé sont descendus dans les rues pour exprimer leur ras-le-bol. Ils protestaient contre l’augmentation du cout de la vie, les arrestations de personnes critiques envers le régime, mais aussi contre une réforme de la Constitution qui renforce le pouvoir du président Faure Gnassingbé.
Les manifestations ont été
rapidement dispersées par les forces de sécurité, à coups de gaz lacrymogènes.
Dans plusieurs quartiers, des jeunes ont mis en place des barrages, brûlé des
pneus, et beaucoup commerces sont restés fermés.
Quelques jours plus tard, des
corps sans vie ont été retrouvés dans des rivières de la capitale. Des
organisations citoyennes parlent d’au moins sept morts et accusent les forces
de l’ordre et des miliciens proches du pouvoir d’avoir commis des violences.
Beaucoup de blessés ont aussi été signalés.
Le gouvernement, lui, nie toute
responsabilité. Dans un communiqué, il affirme que les personnes retrouvées
seraient mortes noyées, selon les résultats des analyses médicales. Les
autorités dénoncent aussi des tentatives de manipulation de la part de certains
groupes.
Dimanche soir, le ministre de
l’administration territoriale a félicité les citoyens pour leur calme et salué
le « professionnalisme » des forces de sécurité. Il a promis que l’État ferait
tout pour assurer la sécurité des Togolais.
Mais plusieurs voix de la société
civile dénoncent une répression brutale. David Dosseh, porte-parole du Front
citoyen Togo Debout, a déclaré : « Nous avons le droit de manifester
pacifiquement. Ce n’est pas normal qu’on réponde par la violence. Nous ne sommes
pas des ennemis de ce pays. »
Le mécontentement avait déjà
commencé plus tôt dans le mois, après l’arrestation du rappeur Aamron, connu
pour ses critiques contre le pouvoir. Il avait disparu plusieurs jours avant de
réapparaître dans une vidéo depuis un hôpital psychiatrique, où il semblait
forcé de demander pardon au président. Il a été relâché le 21 juin.
En parallèle, des témoignages de
personnes arrêtées font état de violences et de mauvais traitements. Le
gouvernement a affirmé n’avoir aucune information à ce sujet.
Mi-juin, les autorités ont aussi
suspendu pour trois mois France 24 et RFI, deux médias internationaux, accusés
d’avoir diffusé de fausses informations sur les premières manifestations.
La colère monte dans une partie
de la population, pendant que les autorités tentent de reprendre le contrôle.
Dans ce climat tendu, manifester au Togo reste risqué, et les appels au
dialogue sont encore rares.